vendredi 22 avril 2016

L'aubépine dans le coin



Un origami d'éléphant retenait une page du livre Légendes et croyances d'Artois, acheté il y a une huitaine d'années, au chapitre parlant des Arbres sacrés, page 285. Le loufoque des croyances en question  a retenu mon attention... un loufoque sans vulgarité : pas glauque, et qui flirte avec un certain absurde. Je retiens le côté innocent de ces croyances, les gens, à ce niveau de candeur, sont comme protégés de la méchanceté, c'est le bon côté des choses. Un extrait où l'aubépine est à l'honneur :

"Notre-Dame du Bonsecours que l'on vénère à Bouret-sur-Canche a été trouvée par un berger dans un buisson d'épines sur le territoire de Bouquemaison. L'aubépine est un végétal à l'honneur chez la Vierge Marie ; ne dit-on pas en effet que l'odeur un peu urineuse de ses fleurs est due au fait qu'elle y faisait réchuer (sécher) les langes de l'Enfant-Jésus."

Un peu plus loin, c'est le saule qui est sacré grâce à la Vierge Marie :

"Un ermite taille, un jour, une statuette informe et la place sur un saule étêté du bois de Recques-sur-Course. La mère de Charlemagne, Berthe au grand pied, vient à passer par là, s'y arrête et prie. Conscient de l'honneur fait, les villageois décident de transporter la statue dans l'église mais le lendemain la Vierge est revenue sur son saule."

page 290, Légendes et croyances d'Artois Bernard Coussée

On est encore dans les odeurs fortes et intimes avec l'aubépine.  La statuette prend valeur d'être dans le second fait raconté, elle s'anime pour marquer la bienveillance d'une entité supérieure ; les hommes se sentent petits face aux dangers multiples et variés qui les menacent, ils ont besoin de plus forts qu'eux. Une vierge-statuette perçue comme toute faible, les intéresserait-elle ? Si l'intuition de John Muir est bonne : oui, quand même. "La mère-amour" s'éveillerait en eux pour la protéger, et ils la rangeraient quelque part  à l'abri de l'humidité, comme une poupée. Mais pour l'heure, se sentant faibles, ils prêtent de la force à la statuette puisqu'elle n'est pas comme les autres, mais est beaucoup plus que cela. L'attitude poétique des Sœurs  de ma petite école en somme, du fait qu'est suggérée une présence, un possible, une porte s'ouvre, un foi peut naître ou pas, mais le merveilleux, lui, est au rendez-vous.  

On est en Artois dans ce livre de Bernard Coussée, mais cela pourrait se passer partout ailleurs de la même façon... les humains se ressemblent beaucoup !
 

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